A Saint-Nazaire, un projet touristique d’ampleur autour de l’éolien
Entretien avec Emmanuel Mary, directeur de Saint Nazaire Tourisme et Patrimoine
Emmanuel Mary, pourriez-vous vous présenter et présenter votre structure ?
Je suis le directeur de Saint Nazaire Tourisme et Patrimoine. C’est un établissement public de Saint-Nazaire qui est en charge des missions « tourisme » et « patrimoine » pour le compte de la ville.
Cet établissement public a muté en société publique locale au mois d’avril et nous avons repris l’ensemble des activités de tourisme à l’échelle de l’agglomération de la CARENE, qui tournent autour de trois grandes missions :
- L’office de tourisme
- La gestion et le développement d’équipements (qui existent et qui vont être créés)
- La mise en valeur des patrimoines sur la ville de Saint-Nazaire.
Nous sommes également l’interlocuteur privilégié de tous les partenaires du projet de Centre d’exploration de l’éolien en mer.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce “Centre d’exploration de l’éolien en mer” ?
Ce projet s’intègre dans notre offre de tourisme « découverte des savoirs-faire du territoire, tourisme d’entreprise et tourisme industriel ». Nous avons de l’expérience en la matière, car nous offrons déjà des visites de chantiers navals, du Grand Port Maritime, etc.
Ce type de tourisme industriel est d’autant plus intéressant dans le cas de l’éolien en mer car nous nous insérons dans le cadre de la création d’une nouvelle filière : il est assez exceptionnel et rare de voir naître des filières intégrales et intégrées. Cette nouvelle filière de l’éolien en mer implique de nouveaux enjeux, de nouvelles technologies, ainsi que des métiers et des savoirs faires nouveaux.
Notre enjeu, à nous, est un enjeu de diffusion et d’appropriation de cette filière par les visiteurs : pourquoi fait-on des parcs éoliens ? A quoi cela sert-il ? Qu’est-ce qu’une éolienne ?
Le centre d’exploration de l’éolien en mer invitera les visiteurs à découvrir la filière industrielle et à comprendre le choix de la France de faire de l’éolien en mer. Nous voulons proposer une immersion totale au public, pour que la visite soit aussi exceptionnelle que le fait de construire un parc éolien en mer.
Quelle place le tourisme industriel occupe-t-il aujourd’hui en France ?
Le tourisme industriel est devenu aujourd’hui une véritable filière en France : le Routard a sorti un guide du tourisme industriel qui a été épuisé en 2 ou 3 mois seulement. On observe un grand engouement car l’industrie est redevenue un grand sujet de société en France. Et puis, les éoliennes en mer ont un côté « Jules Verne » qui plaira au public.
Nous avons fait une étude de marché des équipements touristiques de ce type existant en Europe et présentant des parcs éoliens en mer. Nous avons relevé une scénographie souvent très technique et industrielle et nous voudrions proposer une ambiance plus chaleureuse pour favoriser l’appropriation par les visiteurs. L’éolien en mer, ce n’est pas seulement une affaire de spécialistes et de techniciens : c’est un sujet de société.
Comment est organisé le montage de ce projet ?
C’est un projet qui allie les collectivités (la CARENE et la ville de Saint-Nazaire principalement) et les acteurs industriels de la filière de l’éolien en mer, dont Eoliennes en Mer Iles d’Yeu et de Noirmoutier. Nous avançons dans une logique de table ronde, pour monter un projet co-construit et co-produit entre tous.
Les comités techniques travaillent sur les contenus proposés au sein du centre et sur l’approche du public à adopter, tandis que le comité de pilotage définit les grandes orientations du projet.
Notre établissement se charge quant à lui de la muséographie du centre d’exploration.
Ce projet accompagne la démarche très large de la mise en place de la filière dans l’estuaire de la Loire.
Quel est le calendrier de ce projet ?
Nous avons commencé en janvier / février 2016 et sommes actuellement en marché pour la scénographie et la réalisation de l’équipement (les résultats sont attendus le 16 mai). On entrera ensuite dans la phase d’élaboration du projet, puis dans la phase de travaux, pour une livraison prévue à la fin de l’année 2018 et une ouverture du centre d’exploration de l’éolien en mer en février ou mars 2019.