Raccordement électrique : la Préfecture valide le fuseau de passage des câbles

23/02/2016L'environnement, La concertation, Le projet, Les actus et l'édito

Entretien avec Jean-Marc Boyadjis, responsable du projet de raccordement électrique du parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier chez Réseau Transport d’Electricité (RTE).

Jean-Marc Boyadjis, dans quel cadre cette concertation pour le raccordement électrique du parc éolien des îles d’Yeu et de Noirmoutier a-t-elle lieu ?

Réseau Transport d’Electricité (RTE) est le maître d’ouvrage du raccordement du parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier au réseau de distribution électrique. Nous animons en ce moment une phase de concertation pilotée par la Préfecture dont l’objectif est de définir le fuseau de passage des câbles de raccordement qui aura le moins d’impact sur l’environnement, ainsi que la position du poste intermédiaire de compensation qui raccordera la liaison au réseau électrique existant. Ce fuseau sera soumis à enquête publique à partir d’août 2017, comme le souhaite l’Etat.

Pour rappel, ce raccordement se compose de deux câbles sous-marins, de deux câbles souterrains et d’un poste électrique intermédiaire de compensation à situer sur le tracé de la liaison souterraine.

Schéma de principe du raccordement par RTE du parc éolien au large des Îles d’Yeu et de Noirmoutier

Nous avons identifié et rencontré à plusieurs reprises plus de 80 acteurs concernés par le projet et avons également participé au débat public du parc éolien en mer des îles d’Yeu et de Noirmoutier organisé par la Commission Particulière du Débat Public.

Lors d’une première réunion avec l’ensemble des acteurs de la concertation, tenue le 3 avril 2015  et présidée par le préfet de Vendée, nous avons  fait valider une aire d’étude large pour rechercher les possibilités de passage des câbles et l’emplacement du poste de compensation.

Le 8 février dernier, à la Barre de Monts, nous avons participé à une seconde réunion présidée par le Préfet de Vendée avec l’ensemble des acteurs pour présenter, comparer et choisir le fuseau de passage des câbles sous-marins et terrestres ainsi que l’emplacement du poste électrique de compensation. A l’issue de cette réunion, un fuseau dit de « moindre impact » comprenant la partie maritime, le point d’atterrage des câbles sur la côte et la partie terrestre a été validé et l’emplacement du poste intermédiaire retenu.

Quelles études techniques et environnementales avez-vous menées jusqu’à présent ?

 Nous avons réalisé des études dans deux milieux :

– le milieu marin : nous avons effectué un pré-diagnostic « benthos » (c’est-à-dire sur l’ensemble des organismes aquatiques vivants sur ou à proximité du fond marin) ainsi que des études de mouvements sédimentaires[1]. Des études météorologiques, hydrodynamiques et géophysiques nous ont aussi permis de saisir dans leur ensemble les caractéristiques du milieu.

– le milieu terrestre : des études bibliographiques et un inventaire de terrain nous ont permis de cartographier la faune et la flore de l’aire d’étude. Nous avons réalisé par endroits des études techniques de sol et de bruit notamment pour déterminer l’emplacement du poste de livraison. Nous avons enfin recensé les différentes contraintes existantes à prendre en compte dans le tracé des câbles (trafic routier, agriculture, mesures agricoles environnementales et climatiques).

A cela s’ajoutent des études de faisabilité technique sur l’emplacement du poste électrique à Soullans.

Pourquoi avoir choisi le fuseau Nord comme fuseau de moindre impact en mer et le fuseau Sud sur terre ?

 A partir de l’ensemble des données récoltées, nous avons proposé lors de la réunion du 8 février 2016 le fuseau Nord pour raccorder le parc au continent, qui part du poste électrique de livraison en mer et arrive au niveau de la plage de la Grande Côte.

Carte illustrant le choix du fuseau Nord comme fuseau de moindre impact maritime et le fuseau Sud comme fuseau de moindre impact terrestre


Légende du schéma : en vert, le fuseau de moindre impact maritime ; en rose, le fuseau de moindre impact terrestre.

 Ce fuseau comporte plusieurs avantages :

  • sur le plan environnemental, il est de moindre sensibilité et évite les principaux secteurs à enjeux environnementaux (laminaires, hermelles,…)
  • Sur le plan technique, il permet d’ensouiller le câble[2] sur une longueur plus importante car il passe par moins de tronçons rocheux (sur lesquels le câble sera recouvert par enrochements).
  • Sur le plan des usages, il impacte moins la zone d’activité, notamment celle des pêcheurs.

Puis, de la Grande Côte à Soullans, nous avions trois possibilités de raccordement terrestre :

  • Un passage au nord ;
  • Un passage au centre ;
  • Un passage au sud.

Le fuseau Sud a été retenu. Il s’appuie sur les allées ouvertes de la forêt de Monts puis se poursuit dans un secteur mixte (voirie et Marais) jusqu’à Soullans. Sur le plan Faune et Flore, ce fuseau présente moins d’enjeux que ceux plus au nord. Il devrait donc permettre de trouver un tracé des câbles de moindre impact.

Pourquoi faire le choix d’un poste intermédiaire de compensation à Soullans ? 

 Pour établir l’emplacement du poste intermédiaire, nous avons mis en concurrence 3 parcelles : l’une  proche de Soullans, l’autre proche de la côte à hauteur de Saint Jean de Monts et une troisième à proximité d’une station de pompage. La parcelle proche de Saint Jean de Monts a dû être écartée en raison de la présence d’une zone humide, contrairement à la parcelle proche de Soullans. La superficie de la parcelle proche du site de la station de pompage s’est quant à elle finalement révélée insuffisante et a donc dû être écartée.

Quelles sont les prochaines étapes pour RTE ?

 Nous allons poursuivre la concertation jusqu’au dépôt conjoint du dossier de demande d’autorisations avec le maître d’ouvrage. Le processus de concertation nous permettra d’ici la fin de l’année 2016 de définir le « tracé général d’utilité publique » réduit à une bande de 100 à 500 m, qui sera déposé au moment des demandes d’autorisation et soumis à l’enquête publique.

En 2017/2018, le dossier fera l’objet d’une instruction administrative et d’études de détail, pour ensuite donner lieu aux travaux de raccordement entre 2019 et 2021.

[1] Pour appréhender le comportement du câble dans le fond marin lorsqu’il est chahuté par le courant

[2] Technique consistant à l’enfouir sous le fond marin