Retour sur l’édition 2017 du salon Seanergy
Entretien avec Marc Lafosse, président de BlueSign organisateur du salon Seanergy.
Marc Lafosse, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ainsi que votre parcours ?
Je suis océanographe de formation et j’ai créé en 2009 le bureau d’études Energies de la Lune, un bureau d’études environnementales plutôt consacré à l’énergie hydrolienne bien qu’ouvert également à d’autres filières des énergies marines. Nous avons ensuite créé deux filiales à ce bureau d’études :
- BlueSign (dont nous sommes actionnaires à 51%) qui a pour vocation de soutenir la structuration de la filière des énergies marines renouvelables (EMR) via l’organisation d’évènements, tel que SEANERGY, et la proposition d’outils structurant pour la filière de type plateforme d’emplois « work in blue » ;
- La société SEENEOH (dont nous sommes actionnaires à 40%) qui exploite un site d’essai hydrolien à Bordeaux.
Je suis aussi Vice-président de la Commission Energies Marines du Syndicat des Energies Renouvelables (SER).
Les 22 et 23 mars a lieu l’édition 2017 du salon Seanergy : quel était l’objectif de ce salon? Quelles étaient vos attentes? Quel bilan en avez-vous tiré ?
Avec la convention Seanergy, notre objectif est de servir la filière des EMR et de fédérer tous les acteurs impliqués dans le développement des énergies marines renouvelables : le monde politique (avec l’appui du SER au travers des Assises des EMR), les acteurs industriels (de la TPE jusqu’au Grand Groupe), les ONG…
En comparaison avec l’édition précédente, nous avons augmenté de 20% la surface du salon et avons reçu plus de 3500 visiteurs dont 40% venant de l’international.
A cette occasion, l’Observatoire des Energies de la Mer, lancé en novembre dernier par le Cluster Maritime Français, a rendu son premier rapport, avec de premiers résultats très intéressants : la filière des énergies marines renouvelables en France aujourd’hui, ce sont déjà plus de 2000 emplois.
Au total nous avons mobilisé les acteurs de la filière pendant près d’une semaine : on y a observé de l’envie, de la motricité, de la satisfaction ; preuve que le marché est au rendez-vous.
Quels sont selon vous les atouts de la France pour développer une filière des énergies marines renouvelables ?
La France dispose d’atouts en matière de Recherche & Développement, pour permettre aux technologies de faible maturité de continuer à être dans la course et stimuler le lancement de sites d’essais.
Elle dispose aussi d’atouts politiques : les annonces politiques sont suivies par des faits. Les investissements d’avenir des gouvernements successifs ont par exemple permis une accélération dans le secteur de l’éolien flottant avec le développement de 4 fermes pilotes en cours.
La France dispose également bien entendu d’atouts industriels et portuaires : la nouvelle filière des EMR engendre une émulation très riche et les territoires s’y retrouvent bien. L’éolien en mer posé en est un fer de lance, malgré le retard pris du fait des recours qui ralentissent la filière.
Les projets éoliens posés déjà attribués sont plutôt bien avancés et les phases de construction sont désormais attendues par les territoires. En parallèle les premières usines commencent à sortir de terre, à avoir du volume et à exporter.
Quelle est votre lecture du développement de l’éolien posé en France à l’heure actuelle?
Nous sommes en retard : des projets ont été attribués, mais les recours nous font perdre du temps. Il faut continuer nos efforts pour ne pas tarder plus. La concertation autour de ce type de projet devient de plus en plus une habitude, elle est plus régulière, et la coordination avec les territoires se passe à mon sens de mieux en mieux. Je pense que les démarches mises en place jusqu’ici porteront leurs fruits sur les prochains appels d’offres.
Nous serons vigilants à la volonté du nouveau gouvernement de maintenir ce rythme. Un consensus s’est visiblement installé dans le paysage politique, en témoigne une volonté commune largement exprimée lors du débat avec les représentants des candidats à l’élection présidentielle lors des Assises des EMR du SER le 22 mars dernier.
Sur quoi la filière doit-elle selon vous miser à l’avenir pour poursuivre son développement ?
Nous devrons miser sur l’international. Il nous faut trouver un savant mélange entre l’export et le marché français. Et jouer Européen. Des délégations étrangères étaient présentes à Seanergy. La France doit jouer son rôle politique et s’appuyer sur sa présence outre-mer pour entretenir de bonnes relations avec de potentiels partenaires internationaux.